الأحد، 6 أكتوبر 2024

Download PDF | Projets de croisade (v. 1290 - v. 1330), Documents relatifs à l’histoire des croisades, volume 20, Paris, 2008.

Download PDF | Projets de croisade (v. 1290 - v. 1330), Documents relatifs à l’histoire des croisades, volume 20, Paris, 2008.

420 Pages 




PRÉFACE

Bien que la plupart d’entre eux aient été publiés au cours des deux derniers siècles, les « projets de croisade » que nous présente M. Paviot appelaient d’être repris dans un ensemble cohérent. Car ils éclairent tout un aspect de l’orientation que prit la croisade dans une époque bien définie : celle qui s’ouvre avec la fin de la Huitième croisade et qui s’achève sur les perspectives qui seront celles du xry? siècle. Certes, on a rédigé des projets de croisade avant 1270. Mais c’est au lendemain de l’élection au trône pontifical de Tedaldo Visconti, lequel se trouvait alors en Orient avec les croisés qui avaient suivi Édouard d'Angleterre, et au moment où il envisage de reprendre l’entreprise des années 1269-1271, que se placent les premiers de ces textes. L’on est au temps où s’est tenu le concile de Lyon de 1274, concile tout entier dominé par la pensée d’une croisade qui aurait connu une ampleur extraordinaire, associant Byzantins et Mongols à l’effort de l’Occident. La décime que Grégoire X a instituée pour financer ce grand projet ne fut-elle pas levée jusque dans le lointain Groenland, d’où d’ailleurs son acheminement jusqu’au trésor pontifical posait des problèmes ? Tous les souverains de la Chrétienté y étaient impliqués, et l’effort se maintint jusqu’après la mort du pape.





Mais les atermoiements de Charles d'Anjou, certes rallié à ce grand programme, ont contribué à en différer la réalisation, sinon à le faire oublier. Car le Capétien désirait réaliser au préalable son ambition méditerranéenne qui passait par l’acquisition du royaume de Jérusalem, celle de terres byzantines, sinon même du trône des basileis. Le conflit avec la maison dďd’Aragon à propos de la Sicile amena la mise en sommeil du grand projet du pape Grégoire, cependant jamais totalement oublié, d’autant que la chute des dernières places franques sous les coups des Mamelouks avait durement éprouvé la conscience des princes chrétiens aux yeux desquels la récupération de la Terre sainte apparaissait comme un devoir. La descente en Syrie des armées du khan Ghazan, qui avait appelé, mais trop tardivement, les Occidentaux à le rejoindre, contribua à réveiller l’Occident. Et le projet de Grégoire X fut repris par Clément V, qui entendait utiliser pleinement les forces des deux grands ordres militaires que d’aucuns voulaient amener à fusionner ; l'affaire des Templiers ne le dissuada pas de poursuivre son dessein. On continua à parler de l'expédition à venir et à réfléchir à sa réalisation, jusqu’à la convocation du concile de Vienne qui reprit l’idée d’une contribution financière universelle, cette décime sexennale qui fut instituée par le pape et qui devait connaître un destin bien différent de celui qui avait amené sa création, sans pour autant que l’on cessât de penser à cette croisade qui en justifiait la levée.







La rédaction des « projets de croisade » s’est donc effectuée tout au long de ce processus historique, en fonction de l’actualité qui la motivait. Il s’agissait de composer des mémoires demandés par le pape ou écrits à son intention ou à celle des participants éventuels pour recommander le choix des itinéraires et des lieux de débarquements, la composition et le commandement des armées, le comportement des croisés, la stratégie à adopter et aussi des conseils sur la tactique qui convenait face aux armées musulmanes. Le trait commun de tous ces écrits, c’est qu’ils émanent d’hommes familiarisés avec l’Orient et nourris de l’expérience des expéditions passées. Un Franciscain rompu à la tâche missionnaire, les maîtres de l'Hôpital et du Temple, le roi de Chypre, figurent parmi leurs auteurs. 






Les avis divergent : Fidence de Padoue s’appuie sur le succès de la Première croisade pour recommander l’adoption d’une voie de terre, à travers l’Europe et l’Anatolie, pour acheminer les croisés ; tous les autres optent pour la voie de mer, devenue si familière au xnr° siècle. Mais ils se séparent sur le point d’atterrage des flottes : l’insalubrité de la Petite-Arménie est invoquée par tel d’entre eux tandis que d’autres déconseillent Chypre pour des raisons semblables en se référant aux pertes qu'y avait éprouvées durant son séjour l’armée de Saint Louis. On étudie la façon de leurrer les armées du sultan sur les routes qu’emprunteront les croisés après leur débarquement ; on décrit minutieusement le chemin qui mène à « Babylone », c’est-à-dire au Caire, en utilisant les itinéraires de la poste mamelouke, mais sans oublier qu’ils avaient déjà été empruntés par le roi Baudouin de Jérusalem. On donne des conseils sur la discipline, sur les modes de combat, en décrivant l’emploi de l’arc par les cavaliers musulmans et la manière d’y opposer le tir des arbalétriers francs. Les problèmes qu’entraîne le transport par mer des montures et la nécessité de les refaire après leur arrivée ne sont pas oubliés. Et il n’est pas jusqu’à la question du financement qui ne retienne l’attention de Foulques de Villaret.






On notera que nos auteurs ne font pas allusion à une coopération avec les Mongols, cependant envisagée au cours de cette période, à linverse de ce qu’écrivait Hayton dans sa Fleur des histoires de la terre d’Orient qui est aussi à sa façon un projet de croisade et que le prince arménien écrivait en 1307 pour Clément V. Et que nos auteurs s’abstiennent aussi de toute allusion, contrairement à ce que fera Pierre Dubois dans un autre traité pour la récupération de la Terre sainte, à la situation de l’Occident : la crise sicilienne et la destruction de l’ordre du Temple ne sont pas évoquées.






Mais il est temps de venir au plus récent — et au plus original — de tous ces projets qui est, lui, postérieur au concile de Vienne, mais qui s’apparente aux précédents : c’est le Charboclois (« l’escarboucle ») de Roger de Stanegrave. Cet étonnant personnage, longtemps captif dans les prisons du Caire, et donc connaissant bien l’État des Mamelouks qu’il avait fréquentés, ses faiblesses et ses forces, très au courant des modes de combat des Sarrasins, a offert son livre au roi d'Angleterre pour le faire profiter de son expérience en émettant des suggestions de toute sorte quant à la tactique à adopter. Sans doute est-il le mieux informé des tous nos auteurs. Son manuscrit, malheureusement, a été très endommagé par un incendie. On n’en saura que plus de gré à M. Paviot, qui a tout au cours de son livre été si attentif à corriger telles erreurs de transcriptions de ses prédéces- seurs pour nous donner des textes très sûrs, d’avoir réalisé une édition minutieuse des passages subsistants et de s’être efforcé de rechercher ce qui a disparu pour nous apporter une vue aussi complète que possible de l’œuvre de l’Hospitalier anglais. C’est une belle réussite, et on n'oublie pas qu’elle a appelé une intervention très efficace de la part de ceux qui l’ont mise en œuvre.






Son livre prendra donc une place de choix dans la littérature érudite relative à la croisade telle que la concevaient les hommes de la fin du xm? siècle à la lumière de leur expérience de l’Orient et de la guerre qu’ils y avaient connue et qu’ils pouvaient envisager, ainsi qu’à la connaissance de ce même Orient par les Occidentaux. Nous lui devions déjà bien des travaux sur ce qu’il est convenu d’appeler les « croisades tardives » ; il nous faut le remercier et le féliciter de s’être attelé à une tâche aussi importante et aussi délicate, et de lavoir menée à bien.


Jean RICHARD




















Link 









Press Here 






اعلان 1
اعلان 2

0 التعليقات :

إرسال تعليق

عربي باي