الأربعاء، 4 أكتوبر 2023

Download PDF | Marie-Pierre Chaufray, Ivan Guermeur, Sandra Lippert, Vincent Rondot (eds.) - Le Fayoum_ Archéologie – Histoire – Religion. Actes du sixième colloque international, Montpellier, 26–28 octobre 2016.

Download PDF | Marie-Pierre Chaufray, Ivan Guermeur, Sandra Lippert, Vincent Rondot (eds.) - Le Fayoum_ Archéologie – Histoire – Religion. Actes du sixième colloque international, Montpellier, 26–28 octobre 2016.

237 Pages









Préface


C’est en 1996 que, pour la premiére fois, la région du Fayoum fut l’objet exclusif d’un colloque intitulé « Archeologia e papiri nel Fayyum », réunissant 4 Syracuse archéologues et papyrologues. Cette manifestation peut étre considérée comme précurseur de la série de colloques internationaux sur le Fayoum qui se tint réguli¢rement par la suite en différents lieux : Sommerhausen en 2003, Lecce en 2005, Freudenstadt en 2007, Bronnbach en 2011 et Leipzig en 2013. 














La sixi¢me édition de cette série de colloques s’est tenue 4 Montpellier du 26 au 28 octobre 2016; elle a été l’occasion de fructueux échanges entre spécialistes égyptologues, papyrologues, coptologues et archéologues dont les travaux traitent de divers aspects de la vie administrative, religieuse et sociale dans le Fayoum. Les quinze interventions qui y ont été présentées ont couvert une longue période chronologique, depuis le Moyen Empire jusqu’aux premiers siécles de |’époque arabe.














Marco ZECCHI a traité des noms propres théophores et basilophores attestés dans le Fayoum aux Moyen et Nouvel Empires, en soulignant les changements observés dans la pratique onomastique d’une période a l’autre. L’acquisition par le Louvre d’un bloc appartenant au socle d’une statue de Sobek a donné |’occasion 4 Vincent RONDOT de publier cet objet provenant du célébre « Labyrinthe », le temple d’Amenemhat III a Haouara.

















Le colloque a fait, sans surprise, la part belle aux époques hellénistique et romaine. Plusieurs communications ont traité de l’administration et du fonctionnement juridique : Marie-Pierre CHAUFRAY a présenté le matériel démotique, grec et bilingue du fonds Jouguet provenant de Ghéran et de Magd6la, dont plusieurs registres de terres et des listes de contribuables datant du début de Il’époque ptolémaique. Les « ostraca d’emprisonnement », un dossier de textes grecs et démotiques de |’administration de la prison de Philadelphia décrit par Ursula Kaplony-Heckel en 1991, ont été étudiés a nouveaux frais pour une publication prochaine par Brian MUHS.

















 II en a donné une analyse terminologique permettant de préciser le fonctionnement du systéme juridique de détention de débiteurs, de garanties et de cautions. Nadine QUENOUILLE a étudié les attributions exactes de deux fonctions li¢es a l’administration de domaines au Fayoum 4a I|’époque romaine : Mpovtioti¢ et tpovontiic ; la communication issue du projet Das mehrsprachige Online Worterbuch zum Fachwortschatz der Verwaltungssprache des griechisch-rémischbyzantinischen Agypten réalisé dans le cadre de l’université de Leipzig n’est pas publiée dans ces actes. Cary MARTIN a présenté les textes juridiques et administratifs provenant des fouilles de Tebtynis conservés 4 Copenhague et dont seule une petite partie est déja publiée, tandis que Kim RYHOLT a donné un apercu de l’ensemble des papyrus mis au jour au cours des fouilles conduites par la Mission Franco-italienne de Tebtynis depuis 1988 et actuellement en cours d’édition.

















D’autres aspects de la vie quotidienne ont également été abordés : dans sa nouvelle étude du P.Schultibung, Luigi PRADA a non seulement établi l’origine fayoumique et non thébaine du document, mais il a aussi montré qu’il s’agissait plus vraisemblablement d’un manuel scolaire qu’une copie d’éléve et il en a tiré des conclusions sur les méthodes éducatives dans |’Egypte gréco-romaine. Les éléments relatifs aux crédits et aux garanties présentés par les habitants de Soknopaiou Nésos dans des documents démotiques, grecs et bilingues ont servi a Benjamin SIPPEL de fondement pour une recherche sur les structures sociales et les réseaux de confiance établis par les familles de prétres.















Le site de Soknopaiou Nésos a également fait l’objet d’autres conférences : Maren SCHENTULEIT a étudié la signification de lappellation « prétresse de la éni¢éme phylé » utilisée par des membres féminins des familles sacerdotales du village dans les sources grecques. Elle en a conclu qu’il s’agit plus d’un marqueur de statut social qu’un indice permettant d’établir l’existence d’un clergé féminin actif dans ce temple. Sous le titre provocateur « Soknopaiou Nesos Disneyland? », Andrea JORDENS s’est interrogée sur V’'impact économique et social des nombreuses fétes religieuses organisées dans ce temple situé aux confins du désert, lesquelles attiraient des foules de pélerins/touristes et qui contribuaient de maniére significative aux revenus des habitants du village.













Cornelia ROMER a présenté les derniers résultats de son survey de la meris de Themistos, dont la découverte d’une structure qui s’est avérée étre le gymnase de Philotéris — découverte retentissante qui a recu un écho considérable dans la presse internationale ; son volume The Fayoum Survey Project. The Themistou Meris. Vol. A, The Archaeological and Papyrological Surveys. With Contributions by I. Klose and P. Kopp, Collectanea Hellenistica 8, Leyde, 2018, venant de paraitre, sa communication n’a pas été incluse dans ces actes. Dominic RATHBONE n’a malheureusement pas pu participer au colloque et y présenter son étude du phénoméne d’agglomeérations de villages dans la méris de Polémon.















Trois conférences ont abordé la période byzantine et le Haut Moyen-Age arabe. Le site monastique de Naqlun était au coeur de celles des membres de |’équipe polonaise qui étudie ce terrain depuis de nombreuses années : Wtodzimierz GODLEWSKI a présenté les résultat des derniéres fouilles, tandis que Tomasz DERDA et Joanna WEGNER ont mis en relation les éléments historiques connus de |’évolution du monastére aux Ve—VIle siécles avec les données archéologiques récentes. Pour conclure, Esther GAREL a abordeé les problémes de la dialectologie copte fayoumique au début de Il’époque arabe a partir de textes documentaires conservés a la bibliothéque nationale de Vienne.















Les organisateurs remercient pour leur soutien financier I’équipe « Egypte Nilotique et méditerranéenne », composante de VUMR 5140 «Archéologie des Sociétés Meéditerranéennes » (CNRS, Université Paul-Valéry-Montpellier 3, Ministére de la Culture), les LabEx ARCHIMEDE (ANR-11-LABX-0032-01) de Montpellier et LaScArBx (ANR-10-LABX-52) de Bordeaux ainsi que M™ Ghislaine Gibello, déléguée régionale du CNRS Languedoc-Roussillon qui a mis a notre disposition gracieusement les locaux ol se sont déroulées les conférences.















Un bloc du Labyrinthe d’ Amenemhat HI 4 Haouara récemment entré dans les collections francaises : Louvre E 33167















Vincent RONDOT


Le 2 octobre 2014, le musée du Louvre faisait l’acquisition d’un monument qui est entré dans les collections du département des Antiquités égyptiennes sous le numéro d’inventaire E 33167 et sous le vocable : Elément statuaire au nom du pharaon Amenemhat III. Egypte, Fayoum, Haouara. Moyen-Empire, XII° dynastie, régne d’Amenemhat IIT (1843-1798 av. J.-C), calcaire dur (H. 45,1 x L. 43,5 x P. 40 cm)' (photo 1, p. 13).

















Ce bloc n’est pas un inconnu, tant s’en faut, puisqu’il a été découvert au cours des fouilles de Petrie 4 Haouara et publi¢é par une rapide description et une photographie en 1912 : « Two large blocks of hard white limestone were the bases of statues. One of them names Amenemhat III as beloved of Horus in Shedti, with a title partly broken away. »’ Il était, depuis, la propriété du Seabury-Western Theological Seminary de Evanston dans I’Illinois (Etats-Unis), acquis entre les années 1907 et 1910 par Olaf Tofften, Professor of Semitic Languages and Literature pour le compte de la Hibbard Egyptian Library jusqu’a ce que, 100 ans plus tard, l’institution le mette en vente chez Christie’s New York, le 5 décembre 2012’.




















Depuis sa découverte et sa premiére publication, les citations le concernant sont somme toute assez nombreuses, précisant progressivement l’établissement du texte et les caractéristiques du monument lui-méme. Cette étude se propose de revenir sur ces deux points et lon commencera par un rappel des citations antérieures avant d’en venir a notre proposition d’établissement du texte puis 4 un examen archéologique qu’ont favorisé la restauration du monument et les expertises du C2RMF.


















En 1934, le Porter et Moss utilise la publication de Petrie en enregistrant « Two statuebases of Amenemhet III »* ; en 1957, Gardiner établit le paralléle entre l’épithéte stn-hst attestée deux fois dans les Hymnes a Sobek du p.Ramesseum et notre bloc’ ; il faut ensuite attendre 1992, pour que Cl. Obsomer mentionne « Deux blocs de calcaire dotés d’inscriptions, qui devaient étre selon Petrie des bases de statues : le premier bloc porte une inscription ot le nom d’intronisation d’Amenemhat HI est accompagné de celui d’ ‘Horus qui est dans Chédit’ »° ; en 2000, Uphill enregistre d’aprés Petrie un « Large bloc of hard white limestone originally a statue base with inscription in incised relief in front (...) Right hand panel contains ‘... Amenemhat, given life, beloved of Horus in Shedet’ ete »’; en 2002, le LGG prend en compte notre monument 4 travers l’épithéte stn-hst Der mit bekrontem Haupt’ ; I. Blom-B6er, en 2006, donne un croquis de la face avant du bloc qu’elle décrit comme « Statuenbasis », un établissement, une translittération et une traduction du texte présenté comme complet (« [Der Gute Gott], Nimaatre, beschenkt mit Leben, geliebt von Herheriibschedet, der gekommen ist zu [Sobekschedeti], dem Gekrénten, der in Krokodilopolis ist. »)’. Elle propose par ailleurs une hypothése sur l’aspect statuaire du monument sur laquelle je reviendrai ci-dessous. Egalement en 2006, on trouve mention du bloc « Part of a pedestal inscribed on one of its sides » accompagné du texte hiéroglyphique en trois lignes dans le répertoire de M. Zecchi sur les inscriptions du Fayoum'® et ensuite en 2010 dans son ouvrage sur Sobek, dans lequel il reprend cette fois l’établissement du texte et la traduction de I. Blom-Béer : « Petrie also unearthed two blocks of white limestone, originally two statues bases, with inscriptions. The first one (doc. 26) has a text in three columns: ‘[The beautiful god] Ny-maat-ra, given life, beloved of Horus who resides in Shedet, has come to [Sobek of Shedet ?], with crowned head, who is in Shedet’ (...) In this period, the epithet stn-hst, ‘with crowned head’, ‘exalted of front’, seems to be a characteristic of Sobek-Horus in the Fayyum, since it occurs again in the hymns to the god of the pRamesseum VI (doc. 85)». Enfin, derniére en date de cette bibliographie, la notice du catalogue de Christie’s New York du 5 décembre 2012 décrit un « Egyptian indurated limestone stele fragment » et ajoute une proposition de traduction du texte: «[... the Beautiful God] Ny-maat-re, given life !... Horus who resides in Shedet, [...he ?] has come, ... Beloved of the foremost [god ??]/[god ??] of the beginning who is in Shedet ».


























Avec le bloc, c’est donc du fameux Labyrinthe d’Egypte dont il est question''. Ainsi que Petrie l’avait compris dés son dégagement, il ne s’agit pas d’un simple bloc de paroi, mais bien d’un élément de la base d’une ronde-bosse — statue selon Petrie — constituée a Vorigine de plusieurs blocs maconnés. Le prouvent tant le placard portant l’inscription en trois colonnes que le lit d’attente soigneusement ravalé et poli ainsi que l’arrachement de la sculpture en élévation qui en était solidaire comme d’autres détails architectoniques dont il sera question plus bas (fig. 1 ci-dessus).













du cadrat de clausule d’une autre inscription en trois colonnes : dt « éternellement ». Ces textes sont sculptés dans le creux et peints sinon remplis de fagon assez peu soignée d’une couleur verte virant au brun’? (fig. 2 ci-dessus).


Venons-en maintenant a l’inscription principale. Les manques 4 la partie supérieure des trois colonnes, peu étendus, n’empéchent pas une restitution du texte complet et notre bloc, nous venons de le voir, est bien référencé dans le LGG, 4a travers la citation de la deuxiéme épithéte : stn-het Der mit bekréntem Haupt’. Les autres références a la méme rubrique et















YS an SS _ singuli¢rement le paralléle du p.Ramesseum VI, 140-141 JO == Aq141

eoPO les (PF MSe permettent de tirer l’écheveau et de compléter sans difficulté la premiére épithéte en fi n mr.f Der zu seinem Kanal kommt".

Ainsi le texte se laisse-t-il reconstituer intégralement et traduire : 1. N[tr-nfr] Ny-ms‘t-R‘ di-nh

2. [Sbk-Sdty-H]r hry-ib dt fin

3. [mr f s]tn-hst imy Sdt mry

«Le d{[ieu-parfait] Nymaatré doué-de-vie, aimé de [Sobek-le



















Chédite-H]orus qui réside 4 Chédet, Celui qui vient a [son canal, Celui a] la téte couronnée qui est dans Chédet ».

Une incertitude a demeuré un temps sur la restitution du début de la colonne médiane. Sandra Lippert me conforte dans la proposition de restituer l’épithéte Sdty entre Sbk et Hr, comme sur le fragment figurant sur la méme planche 28 de Petrie que notre bloc et aujourd’hui Ny Carlsberg AZIN 14111, sur l’argument avéré qu’il s’agit de la forme habituelle du théonyme au point qu’une séquence sans sdty n’est pas attestée’®.















S’agissant des deux épithétes qui forment le corps et le principal intérét de ce court texte, les paralléles du pRamesseum VI donnent bien le mot stn déterminé par deux fois avec la couronne blanche. II n’est pas acquis pour autant que la traduction de la deuxiéme épithéte (démarquée ici de la traduction de l’allemand) soit la seule possible. A la suite de Gardiner (Does this epithet refer to a physical feature, or is it purely honorific description ?)'’, en effet, on pourrait proposer de retenir un sens naturaliste décrivant, a travers ce qui serait alors une seule et méme épithéte, l’animal crocodile regagnant précipitamment l’eau en se dressant sur ses pattes: « Celui qui va a son canal la téte haute ». L’étude menée par S. Aufrére montre combien le crocodile — plus que tout autre
















12 Sandrine Pagés-Camagna (C2RMF), aprés un premier examen au spectrométre a fluorescence X, m’indique qu’il s’agit d’une couleur verte au cuivre (et non d’un bleu ayant viré au vert). La couleur brune pourrait s’expliquer par l’altération d’un liant de mauvaise qualité ou utilisé en trop grande quantité dans un pigment mal préparé.













animal peut-étre — a été observé et combien ces observations éthologiques ont été transcrites telles quelles en un corpus d’épicléses et d’épithétes ainsi que via une symbolisation exprimée notamment a travers la grammaire des couronnes'®. L’épithéte stnhet nous rappelle par ailleurs que la couronne-ini — deux plumes aux extrémités recourbées flanquées de deux cobras encadrant le disque solaire et placées sur les cornes de béliers horizontales — est l’une de celles les plus fréquemment portées par Sobek", et l’on pourra citer ici la définition qu’en donne Jean-Claude Grenier lorsqu’elle est portée cette fois par Antinoos”’ : « Cette couronne se rencontre pour indiquer l’aspect ‘émergeant’ de celui qui la porte. Dieux “émergeant’ au sens propre du terme comme (parmi d’autres) le démiurge Ptah-Ta-tenen image de la butte primordiale surgie des flots, l’Osiris de Busiris patron des terres fermes de la zone marécageuse du centre du Delta, le dieu Sobek dont le crocodile affleure a la surface du Nil. Dieux ‘émergeant’ au sens figuré de ‘distingué, élevé au-dessus de la norme’ par un aspect particulier comme le panthée Toutou, le phénix Benou. Hommes aussi qui, dés leur naissance, ont été ‘distingués’ (tni) de leurs semblables en tant qu’étres prédestinés a étre au-dessus de I’humain (...) ».
















Envisageons maintenant la question de la forme qu’avait pu avoir la ronde-bosse portée par cette base; dans l’hypothése de Petrie selon laquelle il s’agirait d’une statue, les considérations présentées ci-dessus sur la nature de la couronne qui coiffait le dieu pourraient nous engager 4 restituer mentalement la figure d’un crocodile allongé et coiffé de la couronne-tni ou encore de la couronne blanche, a |’instar des nombreux petits bronzes de Basse-Epoque qui attestent largement cette iconographie. La question posée, quoi qu’il en soit, dépend des observations qui peuvent étre faites sur les détails archéologiques et architectoniques conservés.


















La caractéristique la plus immédiatement parlante est le lit d’attente soigneusement poli et conservant les arrachements de |’élévation qui était solidaire de notre bloc (photo 2, p. 14). On comprendrait alors que les placards sculptés sur la face avant de la base constituaient autant de « cartels » désignant les statues placées au-dessus. Les éléments conservés sont toutefois insuffisants pour permettre une proposition avérée. C’est sur la partie gauche du lit d’attente que sont présents les restes les plus proéminents et |’on voudrait proposer de reconnaitre dans la silhouette qu’ils paraissent dessiner l’emplacement d’une patte animale plutét que d’un pied humain, cela alors que les questions d’échelle restent impossibles a résoudre. A faire cette hypothése, on pense en effet au bloc resté in situ 4 Haouara et qui conserve les petites statues de deux crocodiles paralléles”’ mais également — et méme si elle n’a pas Haouara mais Crocodilopolis pour provenance — a I’étonnant groupe composite publié par Labib Habachi et qui associe la statue agenouillée d’un pharaon au némés, mains sur les genoux et paumes vers le haut, d’un hippopotame aux pattes invisibles et téte baissée, d’un babouin assis mains sur les genoux, d’un crocodile enfin, allongé sur un socle a corniche a gorge™.















Restituant lors de la découverte des bases of statues, c’est Petrie lui-méme qui nous engage a privilégier cette explication. Cependant, le monument Caire CG 20699 — dont la publication par Lange et Schaffer indique Herkunft wohl Faijum, alors qu’il figure dans Vouvrage de Petrie, Hawara, Biahmu and Arsinoe — qui présente en fagade un alignement de placards a trois colonnes de texte comparables au nétre, alors que le lit d’attente est occupé par les restes d’une table d’offrandes”’, pourrait fournir une autre possibilité d’explication aux caractéristiques présentées par notre bloc (fig. 3 ci-dessous).


Les dimensions (H. 15 x L. 41 cm) ne sont pas les mémes, certes, mais les inscriptions qui disent Amenemhat III aimé d’une forme différente de Sobek rendent I’hypothése a la fois plausible et tentante : plut6t qu’a la base d’une statue, notre bloc aurait pu appartenir a une table d’offrande de taille monumentale avec, en facade, les noms des divinités bénéficiaires inscrites dans des placards alignés céte a céte. Il faudrait alors reconnaitre dans les restes les plus proéminents sur la partie gauche du lit d’attente l’arrachement du bec de la table d’offrande, formalisation lui-méme du pain-ta dans son moule posé sur une natte.




















Base pour une statue ou — plus probablement ? — pour une table d’offrande, il est quoi qu’il en soit avéré que notre bloc appartenait 4 une maconnerie et nombreux sont les détails architectoniques qui le démontrent : le cété droit couvert de traces de ciseau, le biseau le long du cété inférieur horizontal de ce méme cété droit, la mortaise pour un tenon enfin et surtout, creusé dans la longueur du lit de pose (fig. 1, ci-dessus).















Le cété droit couvert de traces de ciseau suffit 4 démontrer qu’un autre bloc prenait place a cété du notre. Les autres cétés ne sont pas conservés et l’on ne peut affirmer qu’il en était de méme a gauche et a l’arriére, méme si c’est la solution la plus probable et ne serait-ce que parce que le placard de gauche a besoin d’une longueur de facade complémentaire, qu’elle ait été assurée par la poursuite de notre bloc ou par l’adjonction d’un autre bloc sur la gauche.













Dans ce que I’on sait de l’appareillage des blocs de parement, le biseau observable a l’angle horizontal inférieur du cété droit parait avoir pour seule explication la présence, a droite et a l’assise inférieure, d’un bloc dont le lit d’attente était plus élevé de la hauteur du biseau, dans un appareil dit « en assises brisées »™*.


















Le lit de pose présente un détail constructif remarquable : un logement pour tenon creusé parallélement a la facade (photo 3, p. 14). Sur la gauche, l’extrémité détruite conserve cependant les deux retours en angle du petit cété et l’on comprend que cette mortaise a gardé peu ou prou sa taille complete d’origine (27 x 5,5 cm au fond de V’encoche) et qu’elle était donc placée grosso modo au centre du lit d’attente et — peut-on penser — a équidistance des quatre cétés. Est également posée la question de la mise en ceuvre proprement dite d’un tel dispositif (les restes de mortier encore visibles sur les parois intérieures de |’encoche fournissent des informations sur la technique de scellement). Ce détail, pour le moment trop isolé pour étre immédiatement parlant, pourrait étre |’indice d’une particularité constructive voire architecturale du Labyrinthe.


Un autre point demande a étre envisagé ici: celui de la qualité particuliére du calcaire dans lequel est taillé notre bloc ; Petrie, le premier, avait parlé de hard white limestone et d’autres ont insisté sur la matiére remarquable de la pierre’. Au moment ou le bloc était restauré par Sophie Duberson, il a été examiné par Yvan Coquinot, géologue au C2RMF, ainsi que par Thierry De Putter, du service Geodynamics and Mineral Ressources au Royal Museum for Central Africa de Tervuren. Le premier a proposé d’y reconnaitre un calcaire de type « sublithographique » et envisagé qu’il puisse s’agir du « calcaire de Ouanina » (Athribis de Haute-Egypte). Le second a pu procéder 4 un prélévement et m’a fourni les informations que je reproduis ici: « Le matériau du socle E 33167 est un calcaire beige, microgrenu, trés cohérent et dur, présentant une cassure conchoidale nette (arrétes coupantes). Une analyse géochimique a été réalisée sur ce matériau: elle indique un calcaire d’une grande pureté (56,4% de CaO), trés appauvri en silice, alumine et fer ainsi qu’en éléments traces (strontium, baryum, terres rares). D’un point de vue géologique, cette pureté contraste avec la signature géochimique des autres calcaires égyptiens, marins et généralement riches en silice, magnésium et strontium. La typologie, l'utilisation et Vorigine des calcaires indurés égyptiens sont encore mal connues. II existe au moins deux grandes familles de calcaires indurés : une pierre grenue de couleur claire, presque blanche, qui a été réguliérement employée dans la sculpture colossale de la 18° dynastie (notamment sous Amenhotep III) et qui pourrait provenir de la région de Zarnikh, proche d’Esna. La pierre du socle E33167 est, quant a elle, trés finement grenue et beige, d’aspect marmoréen. II est possible que ce matériau provienne de Moyenne-Egypte ow il pourrait étre associé a la calcite (« albatre égyptien ») de la région d’Hatnoub. Si elle demande confirmation, I’hypothése d’une origine nordique du matériau du socle d’Hawara semble a priori plausible : d’une part Hawara est relativement proche d’Hatnoub ; d’autre part, il existe des similitudes géochimiques nettes entre le calcaire de E 33167 et les calcaires du Nord de l’Egypte (spectres de terres rares, teneur en strontium). L’utilisation d’un tel calcaire dur semble relativement rare dans la statuaire du Moyen Empire, mais la région d’Hawara a fourni d’autres objets réalisés dans une pierre apparemment similaire a celle du socle du Louvre (par exemple le torse de Sobek, Oxford, Ashmolean Museum 1912.605A). »°°,

















Les collections du département des Antiquités égyptiennes sont riches d’une statue en quartzite rouge au nom de la reine Neferousobek (E 27135), fille d’Amenemhat III et dernier souverain de la 12° dynastie, vers 1789-1786 av. J.-C.”” (photo 4, p. 15). La provenance de ce torse, élément probable d’une dyade, n’est pas connue et rien ne s’oppose a ce qu’il ait pu provenir du Labyrinthe : on sait en effet que la diversité des pierres mises a contribution — dont le quartzite — caractérisait l’architecture du batiment et certains des blocs retrouvés 4 Haouara par Petrie, parmi lesquels celui qui est aujourd’hui conservé au Petrie Museum de Londres, UC 14337, présentent sur leur face antérieure les mémes placards, associant cette fois le nom de la fille 4 celui du pére™*.




















L’entrée dans les collections francaises de ce bloc remarquable permet d’ajouter le Louvre a la liste des musées qui conservent les vestiges de ce monument d’un grand prestige dans |’Antiquité’’. Cet article est rédigé au moment ot ma collégue Tine Bagh consacre aux monuments d’Haouara et du Labyrinthe conservés a la Ny Carlsberg Glyptotek l’exposition Pharaoh. The Face of Power’, avec notamment la présentation du raccord entre la couronne ZIN 1418 et le buste de Sobek Boston MFA 12.1003.


Le moment est venu de conclure en donnant la parole 4 Hérodote et a4 son admiration pour le Labyrinthe d’Egypte, dans la traduction de Claude Obsomer : « Je /’ai vu, il est plus grand que ce qu'on peut dire. Si, en effet, on passait en revue les constructions et les ouvrages d'art que les Grecs ont produits, ils paraitraient étre d’un travail et d’une dépense moindres que ce Labyrinthe : pourtant, le Temple d’Ephése mérite qu’on en parle, et également celui de Samos. Ainsi donc les pyramides étaient plus grandes que ce qu’on pouvait dire, et chacune d’elles était comparable a de nombreux ouvrages des Grecs. Eh bien, le Labyrinthe surpasse méme les pyramides !











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