الأحد، 28 يوليو 2024

Download PDF | (Christians and Jews in Muslim Societies,10) Su Erol - Les Syriaques orthodoxes d'Istanbul_ L’Identité d'une minorité chrétienne au XXIe siècle-BRILL (2023).

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381 Pages 




Introduction générale 

Dans un roman plus ou moins autobiographique, intitulé « Une saison à Hakkâri » rédigé en 1977, le romancier turc Ferit Edgü nous dépeint un personnage curieux. Un jeune intellectuel vient d’une grande ville pour se transformer en instituteur dans un village sans école. Il s’agit d’un village tant isolé du monde qu’il n’y trouve personne avec qui converser, hormis quelques villageois qu’il considère comme des « vilains ». Durant son séjour, il commence à faire des visites régulières dans le centre de la ville de Hakkâri pour se procurer ses besoins matériels. Lors de ses visites, l’auteur découvre une petite librairie et un bouquiniste qu’il appelle simplement le « Syriaque » / « Süryani ». Il y entre pour regarder les livres et le dialogue ci-dessous se tient entre les deux personnages : Dans cette pénombre, j’ai vu un vieillard, assis sur une chaise, pencher le livre qu’il tenait … Un vieillard, un vrai bouquiniste avec des lunettes et une barbe blanche …










 le seul bouquiniste de la ville (…) – Quelle est votre langue ? dis-je – Le syriaque, il a répondu – Oui, le syriaque vous ne connaissez certainement pas, – Non, lui dis-je (je n’ai pas osé dire que c’était la première fois que j’entendais nommer cette langue). – C’est normal dit-il. Nous aussi nous l’avons presque oubliée. Je veux dire nos enfants1. Dans la littérature turque, ce roman démontre parfaitement la méconnaissance d’un intellectuel à l’égard des peuples autochtones de son pays et de soi-même, tout en évoquant la gravité de la mort d’une langue locale. 









Néanmoins, un rappel d’ordre ethnologique s’impose ici : le bouquiniste, que l’auteur appelle le « Syriaque », doit être de confession « nestorienne » ou « chaldéenne », car les Assyro-Chaldéens2 étaient le peuple local de l’Anatolie-Mésopotamie installés dans les montagnes d’Hakkâri. Il faut alors souligner avec insistance que, de nos jours, cette méconnaissance et cette impression d’étrangeté par rapport aux peuples « antiques » du pays persiste dans les milieux intellectuels et universitaires. Cette étude se propose de combler cette lacune en portant une attention particulière sur une communauté chrétienne appartenant à l’ensemble araméen, celle des Syriaques occidentaux ou « Syriaques orthodoxes » de Turquie, selon l’appellation qu’ils se donnent eux-mêmes.










 Dans les registres de l’Empire ottoman, ce groupe a été classé sous le terme de Süryani kadim (anciens Syriaques) en vue de les distinguer de ceux qui se convertissent au catholicisme et au protestantisme à la fin du XIXe siècle. D’ailleurs, les Syriaques d’Istanbul retiennent actuellement ce nom et l’utilisent dans leurs documents officiels. En un mot, nous traitons ici des membres de l’Église syriaque d’Antioche (aujourd’hui :  Antakya) héritière de la communauté fondée en 37 ap. JC et du patriarcat fondé au IVe siècle, et qui s’est constituée peu à peu en rejetant le concile de Chalcédoine (451)3. La population syriaque orthodoxe en Turquie contemporaine est approximativement de 23 0004 personnes. Les membres de cette Église, font aujourd’hui partie des chrétiens du pays dont le pourcentage ne dépasse pas 0,2 % de la population totale. 










Cette faible démographie des chrétiens résulte notamment du génocide des Arméniens et des Syriaques en 1915, des guerres balkaniques (1912-1913) et de la guerre gréco-turque de 1919-1920 pendant lesquelles environ un million de Grecs orthodoxes d’Anatolie ont été contraints de quitter leurs foyers en s’orientant vers la Grèce, une période de grands mouvements migratoires qui se termine par un accord d’échange de populations entre la Grèce et la Turquie signé lors du Traité de Lausanne5. Si leur nombre restreint représente une présence symbolique, les chrétiens du pays issus de traditions différentes, se répartissent en une grande diversité d’Églises et de rites. Les plus nombreux sont les Arméniens, estimés entre 55 000 et 60 000 personnes6, dont la majorité appartient à l’Église apostolique et dispose d’un patriarcat à Istanbul. Les Grecs-orthodoxes, ne constituent qu’une communauté succincte, composée environ de 2.000 fidèles7 avec à leur tête le patriarche œcuménique Bartholomeos Ier de Constantinople et les Grecs orthodoxes arabophones8 de Hatay et de la région d’Adana / Mersin dont la population est de 15 000 personnes9. 









Il existe également une population de Grecs catholiques10 dont le nombre ne dépassait pas 45 personnes à Istanbul en 1998. À ces groupes ethno-confessionnels s’ajoutent les Latins, dont le nombre est environ de 5 000, surtout présents à Istanbul et Smyrne (Izmir) ainsi que les nouveaux protestants, principalement évangéliques avec 5 000 fidèles actifs. Nous trouvons également 3 300 membres de la communauté des témoins de Jéhovah qui est arrivée récemment en Turquie et près de 5 000 à 10 000 Bahaïs11. Cette recherche porte un regard général sur la construction identitaire des Syriaques orthodoxes dans leur rapport à l’État ottoman-turc et à l’espace diasporique. Partant de ce grand contexte historique, elle dirige son attention sur leur positionnement dans une grande métropole de la Turquie, Istanbul, où leur population approximative est de 17 000 personnes. 








À travers une enquête de terrain réalisée sur une période de quatre ans s’étendant de l’année 2013 à 2017 à Istanbul, leur présence que nous pouvons qualifier de « diasporique », est analysée sous ses différents aspects, en termes de participation et d’inté- gration à la vie sociale, religieuse et politique du pays. Autrement dit, elle vise à observer leurs manières de se mouler dans la société turque contemporaine tout en conservant leur identité minoritaire. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il sera question d’étudier brièvement la nature du régime politique dans lequel les Syriaques orthodoxes de Turquie s’inscrivent aujourd’hui. Seront ensuite abordés quelques thèmes et concepts principaux de la recherche tels que la diaspora, les réseaux transnationaux et l’identité. 



















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