الثلاثاء، 12 سبتمبر 2023

Download PDF | L'Epire du treizième au quinzième siècle : autonomie et hétérogénéité d'une région balkanique

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874 Pages


Résumé :


 La région de l’Épire du XIIIème au XVème siècle est étudiée sous plusieurs aspects liés aux thèmes de l’autonomie et de l’hétérogénéité qui ont marqué l’histoire de la région durant la période concernée. Tout d’abord, le bilan de l’historiographie politique montre l’agitation de cette période intercalée entre les longues périodes de stabilité que sont la période byzantine en amont et la période ottomane en aval. Les trois siècles étudiés ont en effet vu se succéder la Quatrième croisade (1204), les règnes de la dynastie des Comnènes (1205-1318), puis de la branche de Céphalonie (1318-1340), l’invasion serbe et les migrations albanaises (années 1340-1350), l’expansion de Carlo Ier Tocco (début XVème siècle) et enfin la conquête progressive par les Ottomans de 1418 à 1502. Ensuite, l’étude de la géographie historique de la région (territoire, vocabulaire, géographie administrative, politique, ecclésiastique, bâtiments officiels) montre l’interdépendance entre les événements historiques et les conditions géographiques. On observe en effet que l’hétérogénéité du territoire préexistait aux diverses migrations.










 Enfin, on a cherché à savoir quelles furent les réactions idéologiques aux bouleversements politiques subis par la région. D’une part, on assista à l’émergence d’un modèle politique à la fois en rupture et en continuité avec le modèle politique byzantin traditionnel. D’autre part, les diverses migrations placèrent la problématique ethnique sur le devant de la scène politique. Néanmoins, les clivages ethniques ne furent pas aussi déterminants que les clivages sociaux, politiques et géographiques ; ils ne débouchèrent en tout cas pas sur l’idée anachronique d’État-Nation. Mots-clés : Épire, Byzance, Grèce, nationalité, ethnicité, migration, géographie historique, croisade, Serbes, Albanais, Angevins, Ottomans, Venise, autonomie, hétérogénéité. Summary : The region of Epirus from the 13th to the 15th century is studied within several aspects linked to the notions of autonomy and heterogeneity by which the history of the region was marked during the examined period.









 First of all, the recapitulation of political historiography shows the agitation of this period interposed between the long periods of stability that are the byzantine period and the ottoman one. The above mentioned three centuries actually witnessed the succession of the Fourth Crusade (1204), the reigns of the Comnenian dynasty (1205-1340), then of the Cephalonian branch (1318-1340), the Serbian invasion and the Albanian migrations (1340’s and 1350’s), the expansion of Carlo I Tocco (beginning of the 15th century) and finally the progressive conquest by the Ottomans from 1418 to 1502. Then, the study of historical geography of the region (territory, vocabulary, administrative, political and ecclesiastical geography, official buildings) shows the interdependency between historical events and geographical conditions. Indeed we can notice that the heterogeneity of the territory existed before the various migrations. Finally, we have tried to learn which were the ideological reactions to the political upheavals undergone by the region.












 On the one hand a political pattern emerged both in rupture and continuity with the traditional byzantine political pattern. On the other hand, the various migrations put the ethnic issue on the political foreground. Nevertheless, the ethnical cleavages were not as determining as the social and political ones; anyway they did not lead to the anachronistic idea of Nation-State. Keywords: Epirus, Byzantium, Greece, nationality, ethnicity, migration, historical geography, crusade, Serbians, Albanians, Angevin, Ottomans, Venice, autonomy, heterogeneity











Remerciements La présente thèse est le produit de plusieurs années de recherches entamées sous la direction du professeur Alain Ducellier. Bien qu’il n’ait malheureusement pas pu la diriger jusqu’à son terme, il reste néanmoins l’initiateur de ma vocation pour les études byzantines, ainsi que celui qui a guidé mes premiers pas dans ce domaine, en dirigeant ma maîtrise consacrée à la Chronographie de Jean Malalas puis mon D.E.A. consacré, déjà, à l’histoire de l’Épire à la fin du Moyen Âge. Il est donc normal qu’il figure au premier rang de ces remerciements. Il me faut également remercier ici le professeur Bernard Doumerc, qui a bien voulu prendre le relais afin de me permettre de terminer mes travaux, ainsi que le professeur Kostas Konstantinidis, qui a eu l’extrême amabilité de m’aider dans mes recherches lors de mes nombreux séjours en Grèce. 














Par ailleurs, les personnels de la Bibliothèque byzantine du collège de France, de la Bibliothèque de la Sorbonne et de la Bibliothèque centrale de l’université Lille 3-Charles de Gaulle méritent eux aussi d’être ici remerciés pour leur travail et leur dévouement. Je tiens également à remercier les Directeurs des Écoles françaises d’Athènes et de Rome qui ont bien voulu m’accueillir au cours de fructueux séjours de recherche. Ma participation au programme européen Cliohres dans le groupe de travail « Frontiers and Identities » dirigé par Steven Ellis et Lud’a Klusakova fut également très profitable, puisqu’elle m’a donné l’occasion d’affiner ma réflexion sur certaines problématiques afférentes à mes travaux et d’en publier les premiers résultats. Ma famille et mes amis, qui se reconnaîtront, ont joué un très grand rôle en me soutenant et en m’aidant, à des degrés divers, à mener ce travail à son terme. Qu’ils soient assurés de ma gratitude. Enfin, Bernadette Brochet et Yves Mounier, professeurs au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse, ont joué un rôle important dans ma formation linguistique in utraque lingua. Qu’ils en soient ici remerciés.













Introduction




 L’empire byzantin, à la fin du XIIème siècle, était traversé de courants séparatistes qui remirent en question son unité. La quatrième croisade contribua à ce processus de façon décisive en s’emparant de Constantinople, capitale de l’empire, le 13 avril 1204 et en détruisant de facto le pouvoir central. Plusieurs nouveaux États, fondés par des Latins et par des Byzantins, prétendirent donc succéder à l’empire et il en résulta pour l’ensemble de l’espace byzantin une longue période de division et d’affaiblissement. L’objet de la présente thèse est la province d’Épire, qui fut le réceptacle de l’un de ces États successeurs de l’empire byzantin. Cet État, qui reçut postérieurement le nom « despotat d’Épire » et qui mérite cette dénomination pour une grande partie de son histoire, apparut en 1204 au lendemain de la chute de Constantinople. Son histoire fut longue, complexe et agitée, ainsi qu’on pourra en juger à la lecture des pages suivantes. Les trois siècles étudiés ont en effet vu se succéder la Quatrième croisade, les règnes de la dynastie des Comnènes, puis de la branche de Céphalonie, l’annexion à l’empire byzantin restauré des Paléologues, les invasions serbe et albanaise, le règne de la dynastie napolitaine des Tocco et enfin la conquête ottomane. L’État épirote en tant que sujet d’étude est loin d’être nouveau. Le premier livre qui lui fut consacré, écrit par Panagiotis Aravantinos, date en effet de 18561 et fut suivi d’un autre ouvrage de Ioannis Romanos, intégrant dans son récit les informations contenues dans la célèbre Geschichte Griechenlands de Karl Hopf2 . Depuis, de nombreuses publications ont également évoqué tout ou partie de son histoire. Les ouvrages les plus importants concernant son histoire événementielle sont aujourd’hui au nombre de quatre. 
















Il s’agit tout d’abord du diptyque de Donald Nicol, comportant The Despotate of Epiros, publié en 1957 et couvrant les années 1204-1267, puis The Despotate of Epiros 1267-1479. A Contribution to the History of Greece in the middle ages, publié en 1984 et traitant de la période suivante3 . En 1997 fut publié le livre de François Bredenkamp The Empire of Thessaloniki, évoquant la période la plus glorieuse de l’État épirote dans la première moitié du XIIIème siècle, et enfin Spyros Asonitis, s’intéressant aux îles Ioniennes et à l’Étolie-Acarnanie, publia en 2005 son ouvrage intitulé !" #$%&" '$(&" )*%+ %"( ,-&µ" ./0*12(*4 . Aucun de ces ouvrages pourtant, malgré leurs immenses mérites, ne saurait aujourd’hui être considéré comme « le livre sur le Despotat d’Épire » que Paul Lemerle appelait de ses vœux en 19585 . Certes, les deux ouvrages de Nicol englobent l’histoire de l’État épirote dans son ensemble, de sa fondation à sa disparition et ont de surcroît apporté de nombreuses et précieuses informations à la connaissance de la communauté scientifique. Surtout, ils ont attiré l’attention des chercheurs sur un sujet jusqu’alors peu prisé, seul l’empire de Nicée étant jugé digne d’intérêt puisque considéré comme le seul empire byzantin « en exil », les souverains épirotes n’étant considérés, conformément à l’historiographie byzantine, que comme des usurpateurs. Mais c’est précisément le nombre des découvertes apportées depuis par l’ensemble de la communauté scientifique à ce thème qui semble imposer aujourd’hui sa mise à jour. Le premier livre de Nicol en particulier suscitait déjà lors de sa sortie d’importantes réserves6 .














 Reconnaissant certaines des erreurs qui lui étaient reprochées, Nicol estima pourtant que la correction de celles-ci, ainsi que les découvertes faites au cours des vingt-cinq années suivantes ne justifiait pas l’écriture d’un nouveau livre. Il préféra donc en écrire la suite et y inséra une introduction résumant les événements antérieurs7 . Il apparaît aujourd’hui, cinquante ans après la publication de son premier ouvrage, qu’un nouvel ouvrage serait nécessaire, du simple fait de l’importante bibliographie publiée sur le sujet. Par ailleurs, les  ouvrages de Donald Nicol, malgré leurs apports indéniables, sont tributaires d’une certaine façon d’écrire l’histoire : très axés sur la narration et la mise en avant des personnages historiques, ils souffrent, à notre avis, d’un excès d’explications psychologisantes et d’un déficit de conceptualisation, notamment concernant le traitement des nationalités. Les ouvrages plus récents de François Bredenkamp et de Spyros Asonitis sont, quant à eux, tout à fait satisfaisants pour ce qui est de l’actualité de leur contenu ; simplement le premier ne s’intéresse qu’à une période bien précise de l’histoire de l’État épirote, qui n’est d’ailleurs à cette époque que fort peu épirote puisque sa capitale est Thessalonique, tandis que le second n’étudie que la partie sud du territoire épirote, qui vécut il est vrai une histoire souvent distincte. Il reste donc qu’un ouvrage étudiant l’ensemble du territoire épirote depuis la quatrième croisade jusqu’à la conquête ottomane, c'est-à-dire entre les deux événementsclés ayant provoqué la fin de l’empire byzantin, reste à écrire. Un tel ouvrage semble également rendu nécessaire par le manque, déploré en 1989 par Paul Magdalino, d’une histoire régionale de l’Épire et de la Thessalie8 .
















 Nous avons donc voulu écrire, outre l’histoire strictement événementielle des diverses péripéties vécues par les dirigeants épirotes, l’histoire d’une région, c’est-à-dire d’un territoire et de sa population, pardelà les aléas de l’histoire politique au jour le jour. Or ce territoire présente selon nous deux grandes originalités qui en font un cas véritablement à part dans l’histoire balkanique. Il s’agit tout d’abord de l’autonomie qu’il a connu tout au long de la période étudiée. Ce constat est loin d’être simpliste : il est peu d’exemples de région balkanique ayant vécu une aussi longue période d’autonomie politique, à la même période. Tout en ayant chacune son identité propre, aucune région voisine, qu’il s’agisse de l’Albanie, de la Macédoine, de la Thessalie ou du Péloponnèse, ne présente un parcours similaire. La deuxième caractéristique de l’Épire à cette période est son hétérogénéité. Ce dernier concept a souvent été entendu exclusivement d’un point de vue ethnique et est souvent rendu responsable de l’échec final face aux Ottomans. Nous tenterons d’enrichir ce concept en y incluant une dimension territoriale, à nos yeux tout aussi opérante pour expliquer cet échec Afin de rendre compte de ces objectifs, cette thèse comportera trois parties. La première, constituée de dix chapitres, fera le bilan de l’importante historiographie concernant l’histoire événementielle et politique de l’Épire.
















 La deuxième, composée de quatre chapitres, consistera en une série d’études de géographie historique portant sur son territoire. La troisième enfin, comprenant deux chapitres, posera la question d’une idiosyncrasie épirote, c’est-à-dire d’un particularisme réel ou supposé de cette région et de la façon dont les Épirotes réagirent, d’un point de vue intellectuel et idéologique, aux bouleversements auxquels ils furent confrontés. La tâche est évidemment ardue, compte tenu de la multiplicité des sources et de l’accroissement exponentiel de la bibliographie afférente, en augmentation constante notamment du fait de la recherche grecque qui s’est considérablement développée au cours des dernières années. Nous considérons donc comme un honneur le fait que le professeur Alain Ducellier ait jugé bon de nous la confier au début de l’année 2002. Celui-ci ayant été l’inspirateur de notre entrée dans les études byzantines, cette thèse lui est dédiée.



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